Le Maroc en Janvier c'est pas les caraîbes, je me suis bien gelée certains soir, mais j'ai partagé des keftas-frites, en plein soleil et tongs, sur la place Assarag à Taroudannt, des dorades et des calamars à la plancha au souk d'Essaouira, des bonheurs inestimables au coeur de l'hiver.
Je connais peu ce pays, mon dernier passage remonte à deux ans, quelques jours à Marrakech. Ma première fois c'était en 2000 au printemps, quinze jours: Casa, Oualidia, Essaouirra, Marrakech avec ma fille. J'avais décidé de travailler en couleur, j'avais besoin de nouveauté: noir et blanc en stand bye. A mon retour je partais pour l'Egypte qui se révéla une aventure au long court... Aujourd'hui je ressens au Maroc une impression de "déjà vu", de "monde connu" et une curiosité pour l'inconnu supposé. Le voyage, comme aller à la pêche. Pêcher des images, partir chasser aussi, c'est vrai. Ce pays est sûrement un beau terrain de "chasse", un océan d'énigmes, grand, beau, sale aussi comme tant d'autres endroits sur la planète, mais odorant, sauvage, mystérieux, un air d'Afrique, un air d'Orient, une modernité affichée, cachée, des traditions puissantes, tout un programme... ça me plaît! Pêcher comme chasser, c'est traîner. L'immense luxe: voyager / traîner!
Avec mes jouets en plastiques*, parce qu'ils sont drôles, légers, aléatoires, et qu'à ce titre ils inspirent mon "travail"...Douze images sur mon négatif, de la couleur, et pour la première fois depuis ce printemps 2000 du noir et blanc également. J'ai décidé de mélanger, je me sens prête pour le grand mix!
Première images au feeling, presqu'au hasard comme toujours, faut que ça vienne, marcher, viser, rêver, ne rien laisser passer.
L'art c'est la vie, faire une photographie c'est s'en retirer un instant, cruel dilemme dans le déroulement... Grande joie de rembobiner, voir les pellicules commencer à s'accumuler au fond de la pochette noire, je les compte, j'avoue!
Heureuse frénésie... J'aime le vent, les vagues qui explosent, la lumière et les gens fascinés par l'horizon, Essaouira est un lieu unique, un peu de Bretagne où voleraient des djellabas, une St Malo sudiste où derrière les murailles plane l'orient....
A Taroudant, on sent les caravanes de jadis au pied des murs d'enceinte, on pénètre dans une médina labyrinthe comme dans les pages d'un album d'Hergé et on se dit que décidement il faut prendre le temps de traîner, ici, dans ce pays.
Scarlett Coten
* Le Holga et le Diana
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